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- Par Kikoo-lol - Edition du : 25 August 2005 - Créé le : 22 August 2005
Créé le : 15/4/2003
Edition du : 15/4/2003
Auteur : Galan_Dracos

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CHAPITRE 6:  Les esprits d'Ashenvale.

 

"-A l'aube des temps, bien avant le Grand Cataclysme et la guerre du Puit d'Eternité, les elfes n'étaient qu'un seul et même peuple, alors que les humains et les nains parcouraient les cavernes du dessous armés de massues et vêtus de peaux de bêtes. Mais ils découvrirent les pouvoir de la magie noire, pour lequel leurs esprits étaient formés, et au terme d'expériences terrifiantes il firent venir sur ce monde les Sept Démons Majeurs, suivis de la terrifiante Légion Ardente. Au terme de la guerre, qui s'acheva par la défaite de la Légion - dont la puissance, semblable à la magie elfe, était incomplète - les elfes de l'Ouest décidèrent de rejeter la magie, tandis que ceux de l'est restèrent sur Azeroth à pratiquer cette science obscure.

Les elfes de l'Ouest, à la peau de prune, se rendirent à Kalimdor, et montèrent au Nord vers les forêts d'Ashenvale, où`ils établirent une nouvelle civilisation, dépourvue de magie. Mais dans les bois vivaient un être étrange, mélange de cerf, d'elfe, avec sur son visage la puissance de la divinité. Il était l'âme de cette terre, et avait nom Cenarius. De son corps irradiait une magie étrange. Un jour, alors qu'il s'était toujours dissimulé, il vint parler aux chefs elfes et s'adressa à eux en ces termes:

"-Ô elfes de la Nuit, je viens ici parler à ceux qui connaissent ma force et ma sagesse." A ces mots, les trois elfes les plus vénérés s'avancèrent et s'agenouillèrent devant le Demi-Dieu. Ils avaient nom: Sheokol Whisperhind, Dargus Sunhunter, Furion  Stormrage. Cenarius sourit, puis continua:"-Je sais ce que chacun de vous a fait, vu ou ressenti dans sa vie, dans celle de ses ancêtres, et je vous connaît tous aussi bien que vous vous connaissez. Vous avez chassé la Légion, mais elle reviendra par trois fois encore, conduite par les Démons Majeurs, et trois fois vous devrez l'affronter et finalement la vaincre. Vous devrez veiller sur ce que ce monde a  de plus précieux: l'Arbre-Monde, la matrice de toute vie. Acceptez-vous ce rôle de gardiens?". Alors les elfes prirent peur devant la puissance de Cenarius et fuirent, tous, sauf les trois sages. Et Cenarius sourit encore:

"-Vous, vénérables anciens, entendez le marché que je passe avec votre race!" Et sa voix devint si forte qu'elle emplit chaque être vivant de terreur."A DATER DE CE JOUR ET POUR TOUS LES TEMPS A VENIR, LES ELFES DE LA NUIT SERONT IMMORTELS ET MAGICIENS, MAITRISERONT LA NATURE, PROTEGERONT L'ARBRE-MONDE DE SES ENNEMIS A N'IMPORTE QUEL PRIX. QU'IL EN SOIT AINSI POUR L'ETERNITE!". Et les elfes surent que ceux qui s'appelleraient "druides" pourraient utiliser la magie de la nature, dépendante de l'Arbre-Monde, dont jamais les démons ne profiteraient.

Puis vinrent les guerres du Puit, les guerres de la Légion, la mort de Sargeras et l'invasion de Kalimdor par les orcs qui tuèrent Cenarius, soumis qu'ils étaient au pouvoir de la Légion Ardente. Mais l'esprit de Cenarius s'adressa à Furion Stormrage dans le secret de son cœur, et lui révéla que le rôle qui lui était attribué n'était pas terminé; et les elfes surent alors que Cenarius ne pouvait pas mourir, même si eux en étaient désormais capables.

 

-C'est une belle histoire, maître" fit Felian avec un petit sourire."-Le temps s'arrête lorsque vous parlez.

-Voilà bien une idée nouvelle, mon jeune ami" répondit Karelon.

"-Le conseil doit être commencé, à présent.

-En effet, et on y requière ma présence. Suis-moi, et allons voir quelles embrouilles se préparent aujourd'hui.".

Les deux elfes se dirigèrent vers la salle du Grand Conseil d'Ashenvale. Felian était plutôt petit, jeune encore, leste, mince, et un grand sourire illuminait la beauté de son visage. Son compagnon était plus grand, plus vieux aussi, presque vénérable mais encore bien vert, et ils marchaient tout deux d'un pas alerte. La salle du conseil était une grande coupole de verre, qui resplendissait sous le soleil et plus encore sous la lune. Au solstice d'hiver, si la lune était pleine, le dôme éclairait tout la forêt.

"-Vous voici, seigneur" dit le maître du conseil, un elfe fatigué par les ans."-Un messager est arrivé cette nuit, et m'a fait part d'une nouvelle dont l'importance occulte toute autre. Messieurs, il y a de cela trois jours et trois nuit, le  Pic de Stonetalon a été assiégé.

-Comment...

-Ce ne peut...".

Felian était ébahi par cette nouvelle: le Pic était réputé invincible, inattaquable, protégé de plus par les terrifiantes wyvernes. Qui aurait pu attaquer cette forteresse?

"-Messieurs, du calme! Notre alliance avec les orcs nous force à envoyer un émissaire observer ce qui se passe réellement.". Il ne parlait pas d'armée, bien sûr. Les elfes de la nuit refusaient d'envoyer une armée aider ceux qui étaient encore les "meurtriers de Cenarius", d'abord par respect envers la religion, et ensuite parce qu'un excès de zèle qui pousserait les elfes à massacrer leurs alliés à peau verte était toujours redouté.

Soudain, une lumière se fit jour dans l'esprit du jeune guerrier: il devait aller à Stonetalon. Pourquoi? Il n'en savait rien, mais une force le poussait à aller voir ce phénomène de ses propres yeux. Il se leva alors et, au milieu du brouhaha qui enflait, prononça ces mots:

"-J'irai." 

 

CHAPITRE 7: Le Conseil

 

Felian s'était levé et se tenait à présent debout, son sabre resplendissant à sa ceinture. Il regarda les trente membres du conseil dans les yeux, comme pour leur lancer un défi. Qu'est-ce qui lui avait pris de se porter volontaire pour une mission telle que celle-ci? Il allait se faire rabrouer, semoncer, et un elfe plus expérimenté serait désigné émissaire. D'autres se seraient rassis, honteux, devant le silence réprobateur de leurs aînés, mais Felian était du sang des elfes qui avaient menés les premières guerres, aux origine d'Azeroth, et la perspective d'un refus lui fit roidir la nuque et serrer les poings. Il passa en revue tout ce qu'il savait des guerriers et des sages réunis autour de la table: en premier venait Zie'neh, maître du conseil, dont les profondes rides trahissaient le manque de sommeil, le faisant paraître beaucoup plus vieux qu'il n'était en réalité; son voisin était le précepteur de Felian, celui qui lui avait appris aussi bien le maniement des armes que les rudiments de la magie antique, et l'émerveillait encore avec des histoires des âges anciens; ensuite venaient des elfes plus jeunes, hommes et femmes, qui formaient l'élite de l'armée elfique, la force combattante qui empêchait de tous temps les intrus de pénétrer dans Ashenvale, et dont le rôle depuis la fin de la guerre était la garde...et la surveillance des avants-postes orcs qui bordaient la forêt; enfin, au bout de la table, se tenaient un petit groupe différent des autres: leurs visages, naturellement elfiques, avaient "quelque chose" d'animal, et en même temps une extraordinaire force animait leurs membres noueux comme les racines du chêne. C'était les elfes les plus respectés de Kalimdor, car eux seuls maîtrisaient la magie, don de Cenarius, qui avait repoussé les puissances démoniaques au fond de l'abîme. C'était les druides.

Felian avait les oreilles encore bourdonnante de sa déclaration lorsqu'il réalisa que le Conseil n'avait pas même encore donné son aval, et que la faction des druides s'y opposerait formellement, en mémoire de Cenarius. effectivement, le premier à prendre la parole fut un druide.

"-Je m'étonne d'entendre seulement ces paroles prononcées au conseil", dit-il en se levant. Il semblait n'avoir pas même entendu Felian."-Que nous importent les orcs? Laissons ces bêtes sauvages se dévorer entre elles! Les créatures du Pic n'ont eu que leur juste châtiment.

-C'est votre opinion, druide", fit une des sentinelles en se redressant à son tour. Felian vit que c'était une jeune femme d'une très grande beauté."-Votre dévouement à la mémoire de notre Demi-Dieu est louable, mais nous nous devons d'honorer les engagements qui ne sont pas révolus avant ceux dont seul le souvenir subsiste encore. Nous avons des raisons d'intervenir à Stonetalon, en revanche," et ses yeux doux se posèrent sur Felian, dont les muscles se crispèrent "je trouve notre bouillant observateur un peu jeune pour une mission de cette importance.

-Je ne...

-Felian, rassied-toi, je t'en prie". C'était son maître, l'homme à qui il devait tout qui l'avait humilié de cette manière. Les joues en feu - ce qui se traduit, chez les elfes, par une belle couleur aubergine - il se rassit, les larmes aux yeux. Soudain, la porte de la salle s'ouvrit avec fracs, et un être des plus étrange entra. Alors que les sentinelles se précipitaient vers lui, on entendit un rire grave, et une vague d'énergie précipita les audacieux à terre. Tous purent alors voir qui était l'importun.

Il dépassait d'une tête jusqu'aux plus grandes sentinelles, et son corps était si musclé qu'il eut pu paraître humain, n'étaient la couleur de sa peau et les traits de son visage. Son visage... . On y lisait les cicatrices du guerrier, bien qu'il fut presque entièrement dissimulé par le bandeau qui lui masquait les yeux. Ses ongles étaient crochus, ses dents semblaient taillées en pointe et il portait à la ceinture deux lames inquiétantes et barbelées.

Le jeune elfe connaissait ce personnage. Tout le conseil ne le connaissait que trop bien. C'était celui que l'on surnommait le Choucas, le chasseur de démons. La communauté des chasseurs de démons avait été tirée du sommeil d' Emeraude peu avant la bataille finale qui avait  vu l' anéantissement de la Légion. Presque tous avaient péri dans le conflit, et le conseil avait décidé de rendormir les survivants qui, de par la nature du pacte qu'ils avaient passé avec les ténèbres, représentaient toujours un danger pour les elfes d'Ashenvale. Mais les farouches combattants avaient refusé de quitter ce monde sans que le conseil conserve un de leurs représentants. Nul ne connaissait le nom de ce dernier et on l'avait surnommé le Choucas, à cause de sa prédilection pour le noir...et de sa tendance à achever ses ennemis blessés.

"-Vous n'êtes que des poltrons", fit-il de sa voix gutturale."-De misérables poltrons, terrés au fond de leur terriers comme des bêtes. Et vous poussez la bêtise jusqu'à refuser de prêter assistance à vos alliés, en vertu d'une religion morte qui ne vous a jamais apporté que l'intolérance.

-C'est faux!" lança une des sentinelles, les yeux pleins d'éclairs. Le Choucas avança alors vers elle.

"-Faux? Mais si votre religion, et votre précieux Cenarius étaient si pétris de bonté, pourquoi avez-vous enfermé mes frères dans des prisons de dix mille ans?

-Les druides eux aussi ont été enfermés! Vous devez être les gardiens de cette terre!

-Pourtant je ne vois pas mes frères à cette table, alors que ces femmelettes de druides, après s'être laissés enfermés comme les rats qu'ils sont, prennent la place des vrais guerriers.

-Cela suffit!" s'exclama le maître du conseil."-Si vous venez pour nous insultez, quittez cette salle immédiatement!

-C'est ce que je vais faire, vieillard" répliqua le Choucas alors que les druides se levaient comme pour se battre, outrés de ce manque de respect, et n'osant cependant pas intervenir. Se lever au conseil était signe de mécontentement, et il était d'usage que l'orateur se taise si plus de sept personnes étaient debout. néanmoins, le chasseur de Démon ne parut pas impressionné.

"-Oui, je vais partir. Je pars pour Stonetalon à la nuit tombée. C'est ce que vous voulez, n'est-ce pas? Un émissaire qui puisse être condamné sans trop de problèmes en cas d'erreurs, et qui ne risque pas de massacrer les peaux-vertes à vue. Mais je ne partirai pas seul, mes seigneurs, non, je ne suis pas si bête!" A la vérité, nul ne le prenait pour un imbécile, et nul n'aurait osé l'insulter en public...nul qui tienne à l'intégrité de son corps."-Nous avons deux volontaires", murmura-t-il, et son regard vint sur Felian pétrifié."-Le jeune elfe m'accompagnera. Je sens de la volonté en lui. Qui est son maître?"

Karelon se leva.

"-Promettez-moi que vous ne le mettrez pas en danger", dit-il, car il savait que rien ne ferait fléchir à la fois le chasseur et son futur jeune compagnon.

"-Il sera en sécurité s'il obéit et ne s'éloigne pas pour explorer les environs seul. Tu te nommes Felian, c'est bien cela? Prépare-toi à partir au crépuscule, et sache que je ne t'attendrais pas!". Et il sortit en coup de vent.

"-Maître...

-Felian...le temps de nous séparer est venu...

-Maître...je ne sais si je dois...

-Tu dois suivre le Choucas, Felian. Tu t'es porté volontaire, c'est dans ton sang, te tu vas sans doute connaître ta première bataille. Bonne chance et que la bénédiction soit sur toi...mon enfant.

 

CHAPITRE 8: La Chute de Stonetalon.

 

Un chapitre pour les amateurs de belles batailles.

 

 

"J'ai bâti une citadelle telle que toutes les armées du monde réunies ne pourraient la prendre sans aide interne. Chaque armure a sa faiblesse, mais nul n'a encore dévoilée celle de Stonetalon"

                                                                                                                                            Thrall, chef de guerre orc.

 

"Cette forteresse est si parfaite que je ne regrette pas que la nôtre ait été détruite. Si l'Alliance surveille Mulgore et les Sentinelles Ashenvale, elle ne tombera jamais".

                                                                                   Denemon de Gilneas, capitaine de la Brigade de Gilneas.

 

L'odeur du sang, si fade et si puissante à la fois, empuantissait les derniers guerriers qui résistaient encore, dans un combat perdu avant même d'avoir commencé. La ville avait été entièrement conçue dans un but militaire, et c'était une bien triste ironie qu'elle ait ainsi perdu sa première bataille. Bâtie en escalier, elle comprenait trois parties bien distinctes: la première était la "ville basse", qui occupait toute la largeur du pic sur le seul flanc qui n'était pas incliné et lisse comme un miroir. Cette zone était une masse de pieux acérés, de baraquements et de tourelles qui faisaient pleuvoir poix, huile bouillante et projectiles divers sur d'hypothétiques assiégeants. Une énorme bouche creusée à même le flanc de la montagne déversait en outre le plomb fondu qui provenait du toit de l'ancien château humain, et les quelques chanceux qui parviendraient, par un hasard extraordinaire à prendre pied sur le rempart seraient impitoyablement broyés par les lances qui pouvaient être glissées par les interstices de chaque bâtiment, et que l'on avait surnommées "Crocs de la Citadelle". La seconde marche du Pic était la "ville haute", là où habitaient les soldats et leurs famille, ainsi que les quelques artisans qui fournissaient aux guerriers les éléments nécessaires à leur survie. Nuit et jours, ce quartier résonnait du fracas des merlins de forgerons. Il avait également été la perte de Stonetalon: transportée à la faveur de l'obscurité par les zeppelins des traîtres gobelins, une petite compagnie d'orcs avait pris position à l'est de la ville haute, près des quatre tours où étaient enfermées les redoutables wyvernes. Par des moyens encore inconnus - des arts interdits, murmuraient certains, bien que le contrôle de la pensée n'ai jamais fait partie des savoirs des orcs Nécrolytes - les ennemis avaient lancés les monstres à l'assaut de la ville sans défenses, qui avait été impitoyablement rasée. La ville basse avait riposté, tant bien que mal car ses défenses étaient conçues pour faire face à un assaut venant du sol, mais d'autres zeppelins étaient survenus, transportant soldats et catapultes, et les valeureux défenseurs de la Citadelle, la crème de l'armée orque avaient du fuire hors des pièges de la ville basse qui se retournaient contre eux au fur et à mesure qu'ils en perdaient le contrôle. Une partie d'entre eux avait tenté de dévaler la montagne, mais leurs chances de survies étaient des plus minces. L'intervention de Ghanâk avait permis à une compagnie de vétérans de traverser la ville haute sous le feu argenté des lances des chevaucheurs de wyvernes; les véritables chevaucheurs? Morts, sans l'ombre d'un doute. Morts, les femmes et les enfants des guerriers orcs. Morts, les soldats des baraquements de la ville basse, pris au piège par les impitoyables assiégeants. Morts, les quelques chamans qui n'avaient pu se servir de leurs pouvoirs face à la frénésie de l'assaut. Morts, la moitié des braves que Ghanâk avait menés à l'est de la ville, dans la dernière barrière de défense: le Bastion. Encerclé de tours et de palissades, ceinturé de murs de pierre bâtis par les plus adroits architectes de l'Alliance humaine, le large donjon qui en constituait le centre était si lisse et si épais que les plus gros boulets de catapultes ne l'avaient pas encore brisé ni même fendu. Cet assemblement, hérissé de meurtrières, était de petite taille, car il avait été conçu pour "tenir" le plus longtemps possible si la ville tombait, en attendant l'arrivée des renforts. Cinq corbeaux étaient déjà partis alerter le gros de la Horde, à Durotar, mais quatre avaient été abattus, et le sort du dernier ne demeurait que trop incertain.

Boum.

"-Ils continuent" murmura un des soldats, accroupi dans l'un des sombres couloirs du Bastion, alors que les projectiles continuaient à pleuvoir sur les murs de roc. Ils étaient une centaine, terrés dans le bâtiment. Les quelques archers placés au rempart n'avaient rien pu contre la puissance de feu des wyvernes renégates.

"-Ils ne passeront pas", affirma Ghanâk."-Thrall va recevoir notre message d'un jour à l'autre et la Horde nous prêtera main-forte.

-Main-forte? Nous n'avons même pas été capables d'identifier nos ennemis, et tu parles de les chasser."

Ghanâk se tut. Il avait soigneusement omit de révéler que quatre des cinq corbeaux gisaient avec de nouvelles plumes, et que les chances de recevoir du secours avant la chute des murailles ne valaient même pas la résistance farouche qu'ils avaient opposée.

"-Nous devons rester dans la forteresse jusqu'au bout. N'oubliez pas que notre rôle est avant tout d'assurer la garde des Barrens. Nous n'avons pas d'autre choix.".

Ils en avaient un, bien sûr. Dans les tréfonds du Bastion se trouvait l'entrée du tunnel qui avait permis aux humains de fuir la destruction de leurs villes, qui menait aux cavernes de l'En-Dessous. L'emprunter pouvait se révéler aussi dangereux qu'une sortie face à l'armée ennemie, et laisserait le goût de la honte aux lèvres des fuyards. Ghanâk ne pouvait se résoudre à quitter le poste qui lui avait été assigné sept ans auparavant, et ressentait en même temps un amère goût de bile à l'idée que tout ce massacre ai put être évité: Aldarot était le traître qui avait tout organisé, il en était à présent certain, et brûlait d'envie de le sentir à nouveau si proche, de s'en débarrasser une bonne fois pour toute!

BOUM.

"-C'est la fin...

-Tais-toi! Pense aux autres qui ont péri pour sauver la forteresse! Pense à la confiance que notre chef de guerre place en nous!

-Ils passent...la porte va céder.

-Dans une petite semaine, sans doute, mais Thrall nous aidera!". Il entretenait l'espoir qui faiblissait, comme faiblit la lueur d'une chandelle aux prises avec les bises de Northrend.

"-Nous devrons nous battre, même si nous avons peur, même si nous n'avons aucune chance, car c'est ce que veux l'honneur.

-Garde-le, ton maudit honneur! Ouvre la sortie, chien! Nous voulons vivre, entends-tu, fils de rat? VIVRE!".

Ghanâk étouffa un juron: il avait compté sur la force d'esprit de ses lieutenants, qui devaient être les seuls à connaître le passage de l'En-Dessous, et voilà que tous ses plans étaient réduits à néant. Dans le fond, il comprenait que c'était uniquement le désir ardent de survie qui animait ses hommes, et qu'il ne devait pas causer leur mort, mais la mission qu'on lui avait confié dépassait en importance toutes les vies de tous les derniers survivants de Stonetalon. Tandis qu'une rumeur terrifiante se répandait parmi les guerriers, il vit poindre une révolte, et, déterminé à défendre la Citadelle jusqu'au bout - bien qu'il ne se fit guère d'illusions - il leva sa hache au-dessus de sa tête...

CraCAAAAaaaBbBoUUUuuumMMM !!!!!

Le vacarme fut si violent qu'il lui sembla que le Pic s'était arraché de ses fondations pour s'élever dans les airs. Dans une débauche de sang et de flammes, la lourde porte noire qui résumait leur dernier espoir tomba à la renverse, percée en son centre comme par un poing gigantesque. Bélier, boulet, magie? Seule comptait à présent la simple survie, celle de l'individu et non du groupe, et la bataille s'engagea dans les couloirs du Bastion.

Comme des ombres sanglantes, les ennemis broyèrent les défenseurs, arrachant bras et jambes, pénétrés par une folie meurtrière. Le sang de la vaillance éclaboussait les murs, et tous les sens de Ghanâk étaient tendus vers un seul but: trouver le passage. Il ne comptait plus le nombres de fois où sa hache s'était enfoncée dans une gorge, une poitrine ennemie. Il tuait, tuait, tuait, tandis que ses ennemis se répandaient comme une lèpre dans le Bastion, une lèpre qui tue, arrache, massacre. Quelques-uns de ses soldats le suivaient, ayant gardé leur sang-froid, silhouettes massives de violence et de mort. Tandis qu'ils périssaient un à un, l'entrée du tunnel - le bout du tunnel? - approchait, lorsqu’ enfin, après avoir violemment sectionné la gorge d'un importun qu'il avait traîné à terre depuis une table, il parvint à la petite porte qui donnait sur une caverne humide et froide et, alors que le ballet de sang et d'horreur se poursuivait dans son dos, il s'y engouffra. Au dernier moment, il songea qu'il avait failli à sa mission: Stonetalon était tombé.

 

CHAPITRE 9: Black Rocks.

 

"-J'ai comme un pressentiment, Kardan", murmurait Alron à son ami qui, muscles bandés, regardait le sorcier progresser lentement vers l'effroyable monticule de cadavres. Lysia tentait de vider son esprit du superflu, comme elle avait appris au Kirin Tor, mais le charme n'opérait pas: tendue, elle guettait le groupe d'orcs - et d'ogres, s'aperçut-elle bientôt - qui s'avançait au centre du village. Immédiatement, elle sut que le sorcier, malgré tout son pouvoir, ne pouvait les détecter pour le moment: il semblait en état de transe, et brandissait un long poignard en émettant des sons rauques et inarticulés. A la pesante médaille de bronze frappée du Roc qui lui barrait la poitrine, à sa grande coiffe faite d'os, aux peintures rouges dont tous les orcs du lieu s'étaient barbouillés de la tête aux pieds, la jeune sorcière reconnut que ses pires craintes étaient confirmées: les rituels antiques, qui dataient de l'époque où les orcs vivaient dans le marais et les landes rouges que l'on appelait Draenor, au-delà de la Porte des Ténèbres. Tout son savoir passait et repassait dans son cerveau, le rituels, les ogres du Modan, les ravages des Blakrocks, aboutissant à la même et effroyable conclusion.

Soudain, des hurlements se firent entendre. Les derniers orcs de la suite du sorcier tiraient une gigantesque cage dans laquelle étaient enfermés une bonne dizaine d'êtres humains nus qui paraissaient en proie à une terreur surnaturelle. Alors qu'ils s'approchaient, et que Lysia voyait leurs chances de fuir se réduire à chaque seconde, le magicien poussa un hurlement strident vers le ciel. Tous les orcs y répondirent alors, la tête rejetée  en arrière, tels des loups assoiffés de carnages. Alors la cage fut hissée à la force des monstrueux muscles recouverts d'écailles sur le tas de morts, et deux ogres hauts comme des chevaliers montés jetèrent des torches dont le feu rouge donnait aux haches des reflets de sang. Le feu, tel un démon des guerres anciennes, surgit de sa prison de bois et se rua à l'assaut du charnier, dont les corps crépitants dégageaient une odeur que n'auraient pas dédaignés les sulfureux êtres de l'En-dessous.

"-Kardan...

-Je ne sais pas!" Lysia sentait comme si elle était sienne la douleur du jeune homme, tiraillé entre son désir ardent de sauver les innocents qui hurlaient et gémissaient à deux pas de lui et le devoir qui lui ordonnait de préserver leurs vies avant tout. La jeune et belle mage fut prise d'un élan de sympathie pour ce chevalier qui faisait pour la première fois l'expérience du commandement. Au fil des jours, elle s'était habituée à la présence de ces hommes à ses côtés, et même s'ils n’avaient pas encore gagné sa compréhension, elle savait au fond d'elle même qu'elle ferait tout pour les sauver. Pressentant que le choix du banneret conduirait immanquablement à une bataille, elle banda sa volonté et concentra de puissants flux magiques.

"-Non", fit finalement Kardan."-Non.". Que cette décision devait lui coûter! "-Nous ne devons pas...nous ne POUVONS pas...notre mission...ces gens...

-Kardan!

-Chhhtttt!" fit Valkut, le silencieux novice. Quelques orcs tournèrent la tête, mais le rugissement des flammes avaient couvert leurs voix. Alron reprit la parole, un ton plus bas, tandis que les malheureux commençaient à brûler..

"-Pardon, Kardan, mais si tu refuses de les sauver, il faut bien que quelqu'un s'en charge.

-Non!".

Le grand chevalier dégaina sa Flamberge et bondit à découvert, lame au poing. Les orcs rugirent, mais le sorcier parut déconcerté.

"-L'imbécile! Va-t-en, Valkut, part avec Dame Lysia!" et Kardan se plaça aux côtés de son frère d'armes. Lysia ne tenta pas de raisonner: elle se contenta de le suivre en marmonnant des formules cabalistiques, suivie par le jeune homme dégingandé qui tentait - maladroitement - de la ramener derrière la maison effondrée. Les fauves déchaînés attaquèrent les chevaliers à coups redoublés, mais ils se protégèrent l'un l'autre avec une redoutable efficacité: les deux orcs les plus téméraires furent respectivement décapités et éventrés, mais il en arrivait d'autres, et Lysia savait que ces guerriers ne représentaient pas le danger le plus grand. L'imprécateur dardait en effet sa volonté vers les valeureux chevaliers, et la sorcière saisit le rôle qui lui était enfin imparti, tandis que Valkut rejoignait Kardan et Alron. Alors que les épées mordaient les chairs, et que les boucliers encaissaient choc après choc, des éclairs jaillirent des mains du sorcier pour s'écraser avec un grand craquement sur les défenses de la sorcière. L'un après l'autre, ils épuisèrent leurs boucliers, avant de s'affronter à coup de vagues d'énergie pure. En triangle serrés, Kardan et ses compagnons frappaient encore et encore, hachant les chairs, mais Valkut et lui étaient couverts d'estafilades et Alron souffrait d'une large entaille au flanc droit. Soudain, alors que de monumentaux ogres accouraient, renversant tout de leurs marteaux, un choc sourd se fit entendre, et tandis que le sorcier s'étalait au sol, leurs ennemis semblèrent se mouvoir au ralenti. Lysia se concentra sur son redoutable sortilège de lenteur, sentant la douleur consécutive à l'effort grimper dans ses muscles tremblants.

"Fuyons!" fit Kardan, supportant Alron, et les autres se firent un devoir empressé de lui obéir. Courant comme si le Grand Démon en personne les poursuivait - ce qui pouvait d'ailleurs bien être le cas - ils rejoignirent leurs grands destriers de bataille gris et les enfourchèrent, Valkut soutenant Lysia. La sorcière haletait, sentant son énergie fuir. Avant que ses yeux ne se ferment, elle vit défiler le paysage et, par-delà les landes désolées, des rocs griffaient le ciel et arrachaient des sanglots aux nuages. Les Monts rouges. Mais des rocs noirs.

 

CHAPITRE 10: L'étau.

 

Des cris, au loin...des cris d'hommes et de femmes...d'enfants aussi...horrible, abomination...le rugissement d'un brasier...une odeur de chair pourrissante...un être ignoble, à la peau verte, bardé de boucliers clignotants...et, au-delà de l'horreur, cris des mourants que l'on va achever, hurlement d'assiégeants ébouillantés, être à la peau claire ou foncée, verte, violette ou blanche mutilés, désarticulés, une vision fugitive...hordes déchaînées déferlant sur une pleine, déflagrations magiques d'une puissance insoupçonnée...au sommet d'un pic, une citadelle voit ses murs s'écrouler devant un pouvoir trop ancien pour être nommé...et puis la douleur...et l'obscurité, le calme, enfin...

Lysia entrouvrit les paupières, et referma aussitôt ses yeux brûlants. Tellement mal, trop mal...Des sons parasités parvenait à ses oreilles, et il lui fallut une bonne dizaine de minute pour retrouver sa stabilité psychique. La douleur était encore si intense! Mais elle ne devait pas partir, pas maintenant, alors que le jour se faisait enfin sur Azeroth et Khaz Modan et...

Douleur...

Lorsqu'elle revint à elle, elle se rendit compte qu'étendue à même le sol, elle se réchauffait lentement près d'un merveilleux, chaud et moelleux feu de bois, et que ses compagnons étaient assis, silencieux, à quelques pas. La tension qui régnait dans l'air faisait sourdre une dispute par-dessus les têtes. Elle se remit péniblement debout, secourue par les puissants bras de Valkut; immédiatement, Kardan se précipita vers elle.

"-Dame Lysia! Enfin!

-Que...qu'est-ce qui s'est passé..?". Les mots hésitaient encore dans sa bouche pâteuse, mais sa mémoire connaissait déjà toutes les réponses.

"-Vous vous êtes évanouie après la chute du sorcier, madame; cela fait plus de quatre heures que vous êtes inconscientes, et nous redoutions le pire". Alron restait assis, dans une morosité qui contrastait avec son impulsivité habituelle. Kardan se tourna vers lui et, avec un ton si froid qu'il en était rébarbatif, fit:

"-Tu n'aurais jamais du faire ça. C'est indigne d'un chevalier." L'autre restait aphone."- Tu as mis nos vies et notre mission en danger, et pourquoi? Pourquoi? Tu te serais fait tuer, toi aussi! Et qu'aurais-tu fais de ces gens, si nous les avions par miracle libérés?

-Je ne pouvais pas rester là à ne rien faire!

-Mais tu le devais! Tu le devras toujours! Si les chevaliers écoutaient leurs cœurs plutôt que la conduite dictée par leur devoir, Lordaeron ne serait plus qu'un tas de ruines fumantes!". Alron se referma, tandis que passait l'orage. Finalement, Lysia, encore hébétée, pris la parole:

"-Seigneurs...je vous en prie...

-Madame, je ne fais qu..

-JE VOUS EN PRIE, écoutez-moi, messire! Il vous faut absolument retourner à Stratholme pour avertir que les Blackrocks se sont rassemblés! Ils marchent au nord, vous l'avez vu! Et d'après ce que mes yeux ont aperçu, le clan du Loup et celui de la Lame au moins se sont alliés avec les ogres!

-Madame, que signifie donc cette alliance? Vous ne cessez d'en parler!

-Faut-il que vous soyez ignorants, pour que j'aie à vous conter cela! Enfin, peut importe, après tout. Il y a de cela bien longtemps, avant la première guerre contre la Horde, trois peuples dominaient Draenor: les orcs, les gobelins et les ogres. Or, ces peuples se faisaient une guerre qui durait depuis des siècles, et au cours de toute l'histoire des orcs, seuls trois chefs réussirent à réunir ces ennemis sous la même bannière. Le premier, raconte la légende, fut Faryan, chef du clan Blackrock. On lui prête non seulement cette unification, mais aussi l'alliance avec les dragons rouges qui fit des orcs le premier peuple de Draenor, ainsi que l'édification de Black Rock Spire.".

Black Rock Spire! Nul ne pouvait rester impassible au nom de la plus grande forteresse jamais bâtie par des êtres vivants, le Roc Noir d'où plongeaient les dragons qui ravageaient les rangs humains! Partout il était encore synonyme de mort et de frayeur, car même les griffons de Khaz Modan n'avaient réussi à l'abattre, et la Flèche de l'Obscurité trônait, telle une carcasse vide, en haut des monts Blackrocks, dominant les Morasses Noires.

"-Le second est plus proche de nous; il s'agit d'Orgrim Domhammer, qui conduisit la Horde à l'assaut d'Azeroth en passant par la Porte des Ténèbres. Le dernier...le dernier...lui avait le pouvoir le plus puissant des trois, lui manqua par deux fois de détruire toute vie sur Azeroth. Lui n'appartenait pas au clan Blackrock, mais à Shadowmoon. Son nom était Ner'zhul. Faryan reste une légende, mais le pire est que les deux dont l'existence ne nous à été que trop prouvée ont reçu l'aide des Légions démoniaques. Vous comprenez pourquoi cet état de faits revêt une telle importance, à présent? Les vieux rituels sont restaurés, et les humains symbolisent toujours l'ennemi universel! Les Blackrocks vont marcher sur Lordaeron!

-Non", fit durement Kardan.

"-Non, en effet", reprit Lysia."-Vous le savez, il leur reste un obstacle. Des humains vivent toujours sur ce continent, derrière Elwynn... .

-New Stormwind", compléta le taciturne Valkut."

"-Exactement, et c’est pour cela que ceux qui resteront...

-C'est à dire moi..." fit Kardan.

"-CEUX qui resteront, poursuivi Lysia, devront aller chercher des informations - ou en porter - auprès de Lord Stormwind."

Tous restaient silencieux, immobiles. Sans un mot, car il comprenait depuis toujours les pensées de son ami, Alron se leva.

"-Dame Lysia, Valkut, vous accompagnerez Alron." Il tentait de donner à sa voix l'autorité nécessaire, mais le tremblement imperceptible qui l'animait montrait son doute. Lysia le savait, et joua sa dernière carte.

"-N'oubliez pas que non loin du donjon de Stormwind se décomposent les restes de la Porte des Ténèbres. Si les forces antiques remontent à la surface, seul un mage l'apercevra." Bien sur, New Stormwind avait, comme toute place forte, son quota d'envoyés du Kirin Tor, mais elle était trop fine pour le laisser entendre. Son futur compagnon se tourna vers les deux chevaliers qui, à cheval, se tournaient déjà vers les sombres terres de Khaz Modan.

"-Parlez à Danlegh. Dites-lui...tout, tout, n'omettez rien! Ensuite, allez au nord, jusqu'à Stratholme, et conjurez-les de se préparer à une attaque. Les Blackrocks sont en marche, les sorciers se réveillent, et lorsque l'heure de la bataille viendra, si New Stormwind tombe, seule Stratholme se dressera encore entre Lordaeron et le chaos de la guerre." Et, tandis que la contrariété consécutive à sa dispute avec Alron imprimait une marque sur son jeune visage, il regarda ceux qu'il appelait "amis" disparaître vers un sort incertain...mais non moins que le sien, qui l'attendait à l'orée de la forêt d'Elwynn.

 

 

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